jeudi 29 octobre 2009

Jungle Fever

Grand succès commercial (le budget de production de 14 millions de dollars rapporte plus de deux fois plus), voilà encore un film du" Woodie Allen noir" qui fît couler l'encre des râleurs.. Mais toujours pas l'ombre de racisme ou de mysogynie, juste un regard personnel et non édulcoré.

JUNGLE FEVER - Spike Lee (1991)

Flipper Purify (Wesley Snipes) est un bon père de famille. Dans sa boîte d'architectes, une nouvelle secrétaire Italo-Américaine (Annabella Sciorra) est engagée alors qu'il avait demandé une Afro-Américaine. Cet épisode lui démontre qu'il n'est pas pris au sérieux dans cette entreprise dirigée par des Blancs (dont il est pourtant un des principaux maître d'oeuvre) ; et, en même temps, il couche avec Angie, cette nouvelle secrétaire.
C'est le début de la descente aux enfers pour Flipper : quitté par sa femme (Lonette McKee), sévèrement jugé par ses amis, mis au ban par son père (Ossie Davis)... Angie, elle, est battue et insultée par son père, expulsée de chez elle, elle est aussi jugée par ses proches.
On assiste en parallèle à une autre lente descente aux enfers. Celle de Gator (Samuel L. Jackson), le frère de Flipper, qui sombre dans la drogue...
Régis Dubois (dans Le cinéma des Noirs Américains, entre intégration et contestation) résume parfaitement le film : "Jungle Fever fait, à l'instar de ses protagonistes, le constat amer du racisme aux Etats-Unis. C'est un drame urbain âpre et sans concession, provocateur et dérangeant, qui offre une vision on ne peut plus pessimiste des relations interraciales, doublée d'une exploration tout aussi pessimiste et alarmante des ravages de la drogue".

Rien n'est complaisant, comme d'habitude. Spike Lee met en avant une multitude position sur les relations interraciales : les plus bêtement racistes (la plupart des Italo-Américains), les fantasmes, les jugements moraux (le père de Flipper), les interrogations des femmes noires (ce qui donne lieu à une scène géniale), les romantiques qui se foutent de la couleur (le pauvre Paulie -John Turturro- finalement un des héros du film)...
Comme dans School Daze, Lee plonge aux tréfonds de la conséquence de plusieurs siècles d'esclavage et de séparation : les différences de teinte de peau, et leur importance (étonnante et mésestimée de notre coté de l'Atlantique) dans les relations sociales.
Pas de réponses, juste des pistes, des mises en garde loin "des films de Walt Disney" comme le dit Flipper.

L'humour est au rendez-vous. La patte de Spike Lee est toujours présente avec ses rouges saturés, ses décors qui défilent sans que les personnages bougent, son attrait pour filmer les corps (dont une scène d'amour interraciale inédite et révolutionnaire pour l'époque)...
Le générique est excellent ; la caméra de Lee nous fait traverser Harlem (en tout cas, sa version de Harlem), tandis que des panneaux de signalisation en surimpression annoncent le casting.

Gros casting d'ailleurs : Wesley Snipes dans le rôle principal (que l'on avait vu dans le précédent Lee, Mo' Better Blues), Annabella Sciorra, Halle Berry dont c'est le premier long métrage, le grand Anthony Quinn qui joue le père de John Turturro (Spike Lee lui donne là le meilleur rôle de leur longue collaboration, avec peut-être son interprétation du parrain dans She Hate Me), Samuel L. Jackson (pour sa dernière collaboration avec Lee, il gagnera avec ce rôle le "meilleur second rôle" du Festival de Cannes).
Il y a aussi la toujours splendide Lonette McKee -qui débute au crépuscule de la blaxploitation dans Sparkle et Which Way Is Up ? puis Cotton Club, Malcolm X, Men of Honor, ATL-, la rappeuse Queen Latifah, Tyra Ferrell, Charles Q. Murphy, Theresa Randle... Et, comme dans Do the Right Thing, on retrouve LE couple du cinéma noir : Ruby Dee et Ossie Davis.
Coté blanc et latino, citons Miguel Sandoval et Rick Aiello dans le rôle des flics (les officiers Ponte et Long, comme dans Do the Right Thing), Tim Robbins, Frank Vincent...
Bref, un bon Spike Lee, et de toute façon, un incontournable.

mardi 13 octobre 2009

He Got Game

Lee surfe sur la surexpostion mondiale du basketball et comme beaucoup d'autres (on pense à Space Jam ou The Sixth Man) se plie à la mode. Le résultat est magistral...

HE GOT GAME - Spike Lee (1998)

Jake Shuttlesworth (Denzel Washington) est en prison pour meurtre... Mais le directeur, sous les ordres du gouverneur, lui offre un permission d'une semaine avec à la clé une libération totale. Sa mission : convaincre son fils Jesus (Ray Allen), un basketteur prometteur, de rejoindre la Big State University et d'y intégrer l'équipe de basket.
Y arriver confine au miracle. D'une part parce que le jeune prodige des parquets est courtisé par tous les coachs du pays, "conseillé" par sa petite amie Lala, son oncle Bubba, son pote Big Time Willie (Rosario Dawson, Bill Nunn & Roger Smith Guenveur)... Tous les procédés sont bons pour recruter Jesus !
D'autre part Jake était en prison pour le meurtre de sa femme, la mère de Jesus...
6 ans après Malcolm X, Spike Lee et Denzel Washington se retrouvent pour un drame social avec en toile de fond le trouble milieu du baskettball universitaire. Le sujet semble moins percutant que la biographie du leader assassiné, pourtant le réalisateur new-yorkais livre un film presque parfait (s'il n'y avait pas quelques longueurs) et Denzel Washington est tout simplement brillant

Lee mutiplie les segments, alterne les ambiances et les contrastes comme le présent et les flash-back, il enrobe ses personnages de ses travelling si personnels et fait la part belle aux dialogues. La mise en scène est splendide, le montage parfait, la direction d'acteurs est au niveau. Pour preuve la performance de Ray Allen, jeune basketteur des Bucks de Milwaukee choisi par Lee en personne ; ce dernier mise beaucoup sur le réalisme et tient absolument à décrocher un joueur en activité pour tenir le rôle de Jesus et, après de nombreuses auditions, il insiste pour faire des essais avec Ray Allen.

He Got Game est un drame, un film sombre qui dresse un tableau bien négatifs des rapports humains et de la cupidité.
Comme d'habitude, en tout cas dans les meilleurs films du maître Lee, il y a peu de personnages "bons" ; tous sont traversés d'envies, de névroses, d'égoïsme comme d'altruisme... Toutes et tous essaient ici d'influencer le jeune Jesus selon les bénéfices qu'ils espèrent en tirer. Et s'il ne prend pas position, comme à son habitude, pour un de ses caractères Spike Lee dresse un tableau sans concession sportif et si dénonciation il y a, elle est systémique.
Encore une fois, il est presque risible de voir, dans les commentaires sur diverses plate-formes, comme certains ne voient Spike Lee que sous la lorgnette ethnique, et arrivent à trouver des passages racistes dans chacun de ses films. A l'opposé de ces faux procès improbables, He Got a Game compte parmi ses meilleurs projets.
Spike Lee décroche des caméos de Michael Jordan, Scottie Pippen, Shaquille O'Neal et d'autres moins connu.

Il s'appuie toujours sur sa garde rapprochée : pour ce qui de la partie technique et artistique on retrouve le directeur artistique Wynn Thomas, le monteur Barry Alexander Brown, les chefs opératrice Ellen Kuras et Malik Hassan Sayeed, la directrice de casting Aisha Coley...
Pour la distribution, si le casting s'étoffe de la présence de Milla Jovovich et Rosario Dawson, on retrouve toujours la bande chère à Spike Lee : Thomas Jefferson Byrd, John Turturro, Roger Guenveur Smith, Bill Nunn, Lonette McKee, la petite Zelda Harris, Joseph Lyle Taylor, Hill Harper, Arthur J. Nascarella...

lundi 12 octobre 2009

School Daze

Deuxième film pour Spike Lee, et nouveau succès. Le jeune réalisateur pioche de-ci de-là : film humoristique, comédie musicale, teen movie, drame...

SCHOOL DAZE - Spike Lee (1988)



Vaughn "Dap" Dunlap (Laurence Fishburne) organise des manifs pour demander le retrait de fonds d'Afrique du Sud au Mission College, son unviersité. Mais il n'y a pas que des activistes à Mission, il y a aussi les fraternités et en particulier les Gamma Phi Gamma et leur pendant féminin, les Rayons Gamma, dirigés respectivement par Julian Eaves et Jane Toussaint (Giancarlo Esposito & Tisha Campbell). Les militants, à la peau plus foncée, les surnomment les "wannabes", et sont traités en retour de "jigaboos".
Mais pour corser le tout, la petite amie de Dap, Rachel (Kyme), veut intégrer une fraternité féminine et son cousin Half-Pint (Spike Lee) ses ennemis jurés des G-Phi-G. Et les revendications et les manifs commencent à inquiéter l'administration...
Le scénario est issu de l'expérience personnelle de Lee, lorsqu'il étudiait au mythique Morehouse College d'Atlanta. A la sortie du film, de nombreux directeurs d'universités noires se sont indignés de l'image véhiculée par le film. Et il faut dire que le tableau présenté est peu reluisant, en particulier en ce qui concerne les fraternités "grecques" présentées sous un angle bien peu engageant.
Les rapports de classe et de sexe sont détricotés selon le prisme racial, et en particulier le degré de pigmentation des étudiants. Plus qu'il ne dénonce, Spike Lee fait un état de la situation ; rien n'est facile et manichéen. Lorsque le propos se fait sérieux, Lee n'impose pas un point de vue, il en propose plusieurs. Bien sûr, comme dans Do the Right Thing, il montre sa préférence (incarnée dans le personnage de Laurence Fishburne et non lui-même, plus sujet à controverses), mais tout en laissant le spectateur faire son choix, en respectant par sa réalisation chacun de ses acteurs.

La réalisation justement est sublime. Tout semble millimétré, les ambiances différentes pour chaque saynète, les scènes de sexe sont suggestives, certaines à la limite du burlesque, celles de comédie musicale sont particulièrement réussies (à l'image de celle que je ne résiste pas à vous faire partager ci-dessous). Lee réussit même la performance d'une séquence de football sans jamais filmer le jeu lui-même. Bref, on sent poindre dans ce film les talents de mise en scène du "Woody Allen noir".
En plus, le tournage épique. Lee a fait installé les deux équipes dans des hotels différents : ceux qui incarnaient les "wannabes" avaient droits aux meilleures places et traitements, à l'inverse des "jigaboos". Le résultat renforce le réalisme : lors d'une scène, une bagarre éclate réellement entre les deux équipes et Lee laisse tourner les caméras...

Spike Lee met peu à peu en place son réseau d'acteurs et de techniciens : Bill Nunn, Samuel L. Jackson, Roger Guenveur Smith, Giancarlo Esposito, sa soeur Joie Lee et son frère Cinqué, Ossie Davis, Art Evans, Tyra Ferrell, les producteurs Monty Ross et Loretha C. Jones, Le chef opérateur Ernest Roscoe Dickerson, la directrice de casting Robi Reed, la costumière Ruth E. Carter, le monteur Barry Alexander Brown, le directeur artistique Wynn Thomas...
Niveau casting, il faut encore citer Kadeem Hardison, Kasi Lemmons qui deviendra réalisatrice entre des excellents Eve's Bayou et Talk To Me, la ravissante Tisha Campbell qui s'imposera dans de nombreuses productions afro-américaines, Joe Seneca, Alva Rogers et bien sûr l'acteur principal Laurence Fishburne qui débuta en 1975 dans Cornbread, Earl and Me, est aujourd'hui un acteur incontournable et reconnu pour ses rôles d'Ike Turner dans Tina, du père protecteur dans Boyz N the Hood, du gangster mythique Bumpy Johnson dans Hoodlum et de Morpheus dans la trilogie Matrix.


dimanche 11 octobre 2009

School Daze

Deuxième film pour Spike Lee, et nouveau succès. Le jeune réalisateur pioche de-ci de-là : film humoristique, comédie musicale, teen movie, drame...

SCHOOL DAZE - Spike Lee (1988)



Vaughn "Dap" Dunlap (Laurence Fishburne) organise des manifs pour demander le retrait de fonds d'Afrique du Sud au Mission College, son unviersité. Mais il n'y a pas que des activistes à Mission, il y a aussi les fraternités et en particulier les Gamma Phi Gamma et leur pendant féminin, les Rayons Gamma, dirigés respectivement par Julian Eaves et Jane Toussaint (Giancarlo Esposito & Tisha Campbell). Les militants, à la peau plus foncée, les surnomment les "wannabes", et sont traités en retour de "jigaboos".
Mais pour corser le tout, la petite amie de Dap, Rachel (Kyme), veut intégrer une fraternité féminine et son cousin Half-Pint (Spike Lee) ses ennemis jurés des G-Phi-G. Et les revendications et les manifs commencent à inquiéter l'administration...

Le scénario est issu de l'expérience personnelle de Lee, lorsqu'il étudiait au mythique Morehouse College d'Atlanta. A la sortie du film, de nombreux directeurs d'universités noires se sont indignés de l'image véhiculée par le film. Et il faut dire que le tableau présenté est peu reluisant, en particulier en ce qui concerne les fraternités "grecques" présentées sous un angle bien peu engageant.
Les rapports de classe et de sexe sont détricotés selon le prisme racial, et en particulier le degré de pigmentation des étudiants. Plus qu'il ne dénonce, Spike Lee fait un état de la situation ; rien n'est facile et manichéen. Lorsque le propos se fait sérieux, Lee n'impose pas un point de vue, il en propose plusieurs. Bien sûr, comme dans Do the Right Thing, il montre sa préférence (incarnée dans le personnage de Laurence Fishburne et non lui-même, plus sujet à controverses), mais tout en laissant le spectateur faire son choix, en respectant par sa réalisation chacun de ses acteurs.

La réalisation justement est sublime. Tout semble millimétré, les ambiances différentes pour chaque saynète, les scènes de sexe sont suggestives, certaines à la limite du burlesque, celles de comédie musicale sont particulièrement réussies (à l'image de celle que je ne résiste pas à vous faire partager ci-dessous). Lee réussit même la performance d'une séquence de football sans jamais filmer le jeu lui-même. Bref, on sent poindre dans ce film les talents de mise en scène du "Woody Allen noir".
En plus, le tournage épique. Lee a fait installé les deux équipes dans des hotels différents : ceux qui incarnaient les "wannabes" avaient droits aux meilleures places et traitements, à l'inverse des "jigaboos". Le résultat renforce le réalisme : lors d'une scène, une bagarre éclate réellement entre les deux équipes et Lee laisse tourner les caméras...

Spike Lee met peu à peu en place son réseau d'acteurs et de techniciens : Bill Nunn, Samuel L. Jackson, Roger Guenveur Smith, Giancarlo Esposito, sa soeur Joie Lee et son frère Cinqué, Ossie Davis, Art Evans, Tyra Ferrell, les producteurs Monty Ross et Loretha C. Jones, Le chef opérateur Ernest Roscoe Dickerson, la directrice de casting Robi Reed, la costumière Ruth E. Carter, le monteur Barry Alexander Brown, le directeur artistique Wynn Thomas...
Niveau casting, il faut encore citer Kadeem Hardison, Kasi Lemmons qui deviendra réalisatrice entre des excellents Eve's Bayou et Talk To Me, la ravissante Tisha Campbell qui s'imposera dans de nombreuses productions afro-américaines, Joe Seneca, Alva Rogers et bien sûr l'acteur principal Laurence Fishburne qui débuta en 1975 dans Cornbread, Earl and Me, est aujourd'hui un acteur incontournable et reconnu pour ses rôles d'Ike Turner dans Tina, du père protecteur dans Boyz N the Hood, du gangster mythique Bumpy Johnson dans Hoodlum et de Morpheus dans la trilogie Matrix.


Do the Right Thing

Il y a 20 un gars invitait pour la première fois sa copine Michelle à ce film, il est depuis devenu président des Etats-Unis (et prix Nobel de la paix -sic !-). Nul doute que, même si les problèmes raciaux et sociaux demeurent, quelques pas ont été franchis...

DO THE RIGHT THING - Spike Lee (1989)



Il fait chaud à Bedford Stuyvesand, Brooklyn, NYC, très chaud. Mookie (Spike Lee) travaille pour Sal -qui aime le travail et sa pizzeria- et ses racistes de fils, Vito et Pino (Danny Aiello, Richard Edson & John Turturro).
Tout le monde se croise, souvent sans se voir : un vieux soûlaud mi-clochard mi-philosophe surnommé "Le Maire" (Ossie Davis), Smiley le simplet (Roger Guenveur Smith) qui vend des photos de Malcolm et de Luther King, Mother Sister (Ruby Dee), Radio Raheem (Bill Nunn) qui fait cracher du hip hop à fond de son poste stéréo, les Hispanos, les gamins qui ouvrent les bouches d'incendie pour se rafraîchir et la voix de l'animateur radio Mister Señor Love Daddy (Samuel L. Jackson)...
L'affaire se corse lorsque Buggin Out (Giancarlo Esposito) lance le boycott de la pizzeria de Sal pour l'absence d'Afro-Américains sur son mur remplie de photos. Et tout dérape définitivement quand Sal et ses fils s'embrouillent avec Radio Raheem.
Mookie a un choix à faire : "the right thing" !
A sa sortie, ce film sera dépeint comme un véritable brûlot, les bas-du-front y voient une incitation à la haine raciale et à l'émeute (les pires fantasmes circulent toujours à la sortie d'un film du maître Lee). Présenté à cannes, Wim Wenders -le président du jury cette année-là- s'opposa fermement à lui attribuer la palme. Spike Lee, aujourd'hui plus intégré au monde du cinéma, en a fêté en grande pompe les 20 ans l'été dernier ; et le film n'a pas pris une ride !

La chaleur étouffante est présente tout le film, les couleur sont poussées, rougies, Spike Lee nous fait partager la montée en tension de cette journée suffocante, rivalisant de trouvaille technique, de plans sublimes et d'un tournage in situ.
Le film pose un regard plein de contradictions et de finesse sur les problèmes raciaux aux Etats-Unis, loin du manichéisme que ses opposants prêtent à Spike Lee. Il n'y a pas de "bonne réponse", il n'y a pas une communauté plus légitime, moins raciste... Pour autant le film n'est pas neutre, bien au contraire, c'est une prise de position de Spike Lee/Mookie à laquelle on peut ou pas adhérer. Il nous laisse le choix, entre "Le Maire" et lui, entre Martin Luther et Malcolm. Et l'on aurait tord d'opposer réellement les deux choix, je pense que Spike Lee nous offre les deux alternatives non comme opposées mais bien comme complémentaires, comme les facettes d'un même combat (à l'image des bagues de Radio Raheem), et la "victoire" de l'une de ces alternatives comme temporaire et inévitable.

La petite famille est encore au rendez-vous avec un petit rôle pour sa sœur Joie Lee, et la bande-son confiée au paternel, Bill Lee ; les acteurs fétiches aussi : Roger Guenveur Smith, Bill Nunn, Giancarlo Esposito... de même que les gloires du cinéma afro-américain Paul Benjamin (qui a joué dans quelques films blax' de bonne facture : Across 110th Street, The Education Of Sonny Carson, Friday Foster...), "Le Maire" est joué par le grand acteur et réalisateur Ossie Davis et sa femme Ruby Dee incarne la vieille Mother Sister. A signaler aussi la présence de l'actrice, danseuse et chorégraphe (en particulier du show In Living Color) Rosie Perez, de Robin Harris (qui décède après son rôle de Pop dans House Party), ainsi que de Frankie Faison, Steve White, Leonard L. Thomas et des cascadeurs Eddy Smith -fondateur de la Black Stuntmen's Association- et David S. Lomax... le célèbre cascadeur afro-américain qui créa la .

samedi 10 octobre 2009

Donald Bogle

Dans ce post, les deux dernières partie du voyage de Ice T dans le soul cinema.

Et j'en profite pour faire un petit point sur ce grand historien du cinéma noir américain : Donald Bogle.

Il est l'auteur d'une étude magistrale sur l'histoire des films et des actrices et acteurs afro-américain : Tom, Coons, Mullattoes, Mammies and Bucks ; Bogle y expose sa théorie des 5 figures stéréotypées utilisées systématiquement par le cinéma hollywoodien l'Oncle Tom (respectueux du maître, voire heureux de son statut d'esclave ou de serviteur), le coon mangeur de pastèque, les yeux globuleux et la banjo comme greffé au corps (ce sont ces caricatures que l'on retrouve énormément dans les cartoons racistes de Tex Avery et de la Warner), la nounou grosse et criarde (immortalisée par Hattie Mac Danield dans Autant en Emporte le Vent -Hollywood ne s'y trompe pas et lui offre le premier oscar pour un Afro-Américain), la mulâtre avide de sexe et hésitante entre l'homme noire et l'homme blanc, et le black buck, le mâle noir violeur et violent. Ces 5 personnages sont présents dans Naissance d'une Nation, le film fondateur du style et du mode production hollywoodien.
Bogle recense quasiment tous les films, réalisateurs et acteurs. La Blaxploitation, et aujourd'hui les Spike Lee ou Van Peebles, ont eu tendance à jeter avec les stéréotypes négatifs, les acteurs qui les incarnait (ce que l'on peut comprendre) ; Donald Bogle au contraire les plébiscite pour avoir accompli un véritable travail d'acteur. Il rend de véritables hommages à tous ces actrices et acteurs qui ont dû surjouer, rouler des yeux, courber le dos et rentrer la tête dans leurs épaules, tous ces actrices et acteurs qui ont si bien investi les rôles que les Blancs exigeaient, si bien qu'ils ont créer -à leur corps défendant- des caricatures encore vivaces aujourd'hui.

Dans cette partie de Kiss my Baadasssss, Ice T s'intéresse à Superfly (et sa suite beaucoup moins réussie), nous montre une séquence haute en couleur deu documentaire musical Wattstax, et s'apesantit sur le premier slammeur de l'Histoire et ses films -mythiques autant qu'amateurs- j'ai nommé Monsieur "Dolemite" Rudy Ray Moore.

La dernière partie parle des deux égéries de la Blaxploitation, le match ultime entre Pam Grier et Tamara "Cleopatra" Dobson, de l'auteur de polar (entre autre Trick Baby, adapté sur grand écran en 1972) -et un peu aussi repris de justice et maquereau- Iceberg Slim, le film au mauvais goût Black Gestapo, le perché Top of the Heap..

Kiss My Baadasss !

Et si on reprenait depuis le début ?!?
La Blaxploitation, c'est quoi ? Rapidement d'abord, c'est la contraction des mot "black" et "exploitation" (terme qui désignait des films de série B -voire Z). Voilà grosso modo le concept posé.
En moins d'une décennie, près de 400 films vont voir le jour sur les grands écrans US. Allant d'excellents films à de véritables navets, ces productions relèvent de tous les genres : horreur, western, comédie, chronique sociale, drame, pornographique, dessin animé, super hero movie, brûlot militant, action, peplum, arts martiaux, Women In Prison, guerre...

Des acteurs et des films vont incarner plus que tout la Blaxploitation: Fred Williamson, Pam Grier (Régis Dubois fait une très bonne bio de l'égérie de la Blax' sur son blog) Jim Brown, Shaft et sa BO mythique (j'en ai déjà parler ici), Cleopatra Jones contre les trafiquants de drogue qui déciment le ghetto, Blacula et son vampire shakespirien,... Si les producteurs ont vite vu qu'un véritable marché avait été laissé en friche pendant un demi siècle, et se ruent sur ce phénomène, la philosophie générale de ce courant réside dans des personnages principaux afro-américains, des personnages qui "gagnent à la fin", qui défient le racisme et les insitutions, qui règlent les problèmes de la communauté (et qui, c'est vrai, peuvent être habillé en pimp, se trimballer des bitches et conduire des voitures de luxe).

Et quoi de mieux pour illustrer tout ça qu'une bonne vidéo ? Dans une émission télé de 94, le rappeur Ice T revient sur le phénomène (en anglais, mais on comprend assez bien) qui a imposé les Noirs dans le cinéma américain et influencé, on le voit dès les premières images, le hip hop américain dans ses extrêmes bling bling comme dans ses positions militantes... Il passe en revue quelques films majeurs, avec des témoignages de Melvin Van Peebles, Gordon Parks, Rudy Ray Moore, l'écrivain incontournable Iceberg Slim et l'excellent et magistral historien du cinéma afro-américain Donald Bogle...


jeudi 8 octobre 2009

Say It Loud !

Après une longue absence (due à une interruption de ma connexion), me voilà de retour avec en préparation quelques billets pour compléter la filmographie de Spike Lee et un dossier sur la T'challa la Panthère Noire de plus en plus "black power", et bien sûr, au gré du temps mes coups de gueule ou de cœur, mes p'tits kiffs hip hop ou mes découvertes sur la toile.

Et pour se mettre en bouche et attendre le prochain post, une spéciale dédicace à mon frère Malik (du comité El Hadj Marcel Langer, il se reconnaîtra), un petit James Brown dans le mythique show Soultrain : "Say It Loud : I'M BLACK AND I'M PROUD !"