mercredi 28 juillet 2010

RIP Vonetta McGee

Très occupé en ce moment, j'apprends à peine, et je dois le dire avec une certaine tristesse, le décès d'une grande dame du cinéma des années 70 que vous avez peut-être découvert sur ce blog, la ravissante et trop rare Vonetta McGee.
Elle débute sa carrière avec Faustina, une petite production italienne ; puis elle tourne Il grande silenzio (aux coté de Klaus Kinski et Jean-Louis Trintignant).
Cependant, c'est Melinda qui la propulse vraiment dans la vague des films soul, elle y partage l'affiche avec Calvin Lockhart et Rosalind Cash. A la suite, elle donne la réplique aux grands noms masculins de l'époque, d'abord -et brièvement- à Sidney Poitier dans The lost Man, puis à Fred Williamson dans Hammer, William Marshall dans Blacula, Richard Roundtree dans Shaft in Africa, Bernie Casey dans Brothers... On peut aussi la voir dans Detroit 9000, et dans un film moins soul mais avec Clynt Eastwood, The Eiger Sanction.

Après Shaft in Africa, elle passe à coté du rôle qui aurait pu la propulser plus haut encore : celui de Cleopatra Jones, dont le scénario est écrit sur mesure par son acteur/scénariste de mari Max Julien.
L'année suivante, le couple se retrouve enfin devant les caméras de Gordon Parks Jr. (et toujours sur un scénario de Max Julien) pour un excellent western, une sorte de Bonnie and Clyde mâtiné de lutte de classe : Thomasine & Bushrod (malheureusement quasi invisible).

Comme beaucoup, Vonnetta McGee verra sa carrière freinée dans les années 80, où on l'aperçoit dans quelques séries.
Elle s'est éteinte ce 9 juillet...



lundi 19 juillet 2010

The Wiz

Remake afro-américain du Magicien d'Oz à la sauce "blax"...

THE WIZ - Sidney Lumet (1978)


En tentant de rattraper son chien Toto, Dorothy (Diana Ross) -une institutrice de Harlem qui vit encore chez son oncle et sa tante- est emportée dans un tourbillon de neige ; elle atterrit à Munchkinland, une région du pays d'Oz.
Elle tue par inadvertance la méchante sorcière de l'est et libère d'étranges enfants enfermés dans des grafittis. Eberluée, elle veut retourner chez elle ; pour celà, elle doit rencontrer le Magicien d'Oz -"The Wiz".
Dans son périple, Dorothy rencontre un épouvantail sans cervelle (Michael Jackson), un homme de fer sans coeur (Nipsey Russell) et un lion sans courage (Ted Ross). Ensemble, ils décident de demander au magicien ce qui leur fait défaut.
Mais celui-ci conditionne son aide : Dorothy et ses comparses doivent supprimer la méchante sorcière Evilene (Mabel King).

Ce film est une double adaptation : d'abord du célèbre Magicien d'Oz revisité d'un point de vue afro-américain ensuite la transposition cinématographique d'une comédie musicale jouée à Broadway.
D'abord le casting s'en ressent avec l'emploi de Stanley Greene, Mabel King (déjà croisée dans Ganja & Hess ou The Bingo Long Traveling All-Stars & Motor Kings) ou Thelma Carpenter qui jouent aussi dans la comédie de Broadway. De même que le foisonnement de chanteurs de métier comme Nipsey Russell, Thelma Carpenter, Rhetta Hughes (présente dans Sweet Sweetback's Baadasssss Song et Don't Play Us Cheap) et certains qui font leur premier pas (à l'instar de Joshie Armstead, Roberta Flack, Robin Givens, Ray Simpson des Village People...), des danseurs et chorégraphes tels Carlton Johnson et Joe Lynn,

La mise en scène de Sidney Lumet est assez typique aussi des adaptions avec une succession de tableaux où s'entremêlent comédie classique, chants et danses endiablées. On a droit à de véritables ballets plutôt bien filmés et des décors post-apocalyptiques à la Mad Max.
Alors, c'est sûr qu'à l'heure du tout numérique et de la 3D, cette comédie musicale, ses costumes et ses décors paraissent bien cheap. Cependant, pour l'époque, The Wiz est bien un film à grand spectacle très respectable et techniquement abouti, avec de très jolie trouvailles graphiques (à l'image de la "transformation" des adeptes de la sorcière, le micro vivant, ou encore la saynète avec les corbeaux et Michael Jackson).
Il n'en reste pas moins que le films souffre de certaines longueurs (il faut une heure entière à Dorothty pour rencontrer ses compagnons d'infortune).

Par contre, je trouve la prestation de Diana Ross sans relief. Les deux surprises viennent plutôt d'un débutant et d'une ancienne gloire. Pour le premier il s'agit de Michael Jackson, assez lisse dans son personnage d'épouvantail mais très convaincant dans ses prestations scéniques. Pour la seconde, d'une grande dame qui nous a quitté cette année : Lena Horne, pour son dernier long métrage , impressionnante dans un un solo magistral en guise de quasi-clôture du film.
A noter aussi les cascades de Steve James (qui deviendra entre autre Kun-Fu Joe dans I'm Gonna Git You Sucka).



dimanche 18 juillet 2010

The Fighting Temptations

Un des sous-genre les plus répandus dans cette décennie 2000, c'est la comédie romantique ! Ici, elle rassemble l'ancien jeune premier Cuba Gooding Jr. et la talentueuse et splendide Beyoncé...

THE FIGHTING TEMPTATIONS - Jonathan Lynn (2003)



Monte Carlo, Georgie. Tante Sally, grande adepte de la paroisse du révérend Lewis (Wendell Pierce) et animatrice de sa chorale, décède et lègue 150 000 $ à son neveu, Darrin Hill (Cuba Gooding Jr.). Ce dernier, qui vient juste d'être licencié, pour son accumulation de mensonges, voit dans cet héritage une opportunité de rebondir. Mais une fois revenu dans son village natal pour les obsèques de Tante Sally, Darrin apprend que celle-ci a conditionné son don : il doit remonter la chorale et lui faire gagner la "Gospel Explosion".
Il hérite donc d'une chorale sans talent dont les membres sont sous la coupe de la bigotte Paulina (Latanya Richardson), qui avait fait partir sa mère du village 20 ans auparavant ! Darrin va devoir agrandir la chorale et choisit comme soliste son ancienne amie d'enfance : Lilly (Beyoncé Knowles)...
Programmé pour cartonner, le film propose un casting conséquent (et en particulier le duo principal sur lequel je reviendrais plus bas) et une équipe technique alignant des professionnels reconnus : Lisa Reynolds officie aux effets spéciaux, Stacye P. Branche, Patrice Coleman et Joanetta Stowers aux maquillages, Mary Jane Fort et Tracey White aux costumes, tandis que le casting est dirigé par Robi Reed. Le tout étant co-produit par Loretha C. Jones et Tierre Turner (qui débuta comme très jeune acteur dans les classiques blax Cornbread, Earl and Me, Bucktown et Friday Foster).
Sur le papier, il y a donc presque tout pour faire un bon film grand public... Le succès commercial et critique sera pourtant mitigé. La scénario est assez banal et repose sur les ressorts amplement connus du héros égoïste et parvenu qui au contact des ses racines populaires (et de la jolie fille) devient altruiste. Mais il est plutôt bien mis en image, les habitants de villages et les membres de la chorale sont bien dépeints, les scènes musicales réussies et le happy end au rendez-vous.
Le problème est à chercher dans l'écart criant entre les deux têtes d'affiche : Beyoncé Knowles offre une très bonne prestation et une interprétation musicale magistrale, en particulier sur Fever où elle est tout bonnement envoutante. Cuba Gooding Jr. est quant à lui plutôt médiocre (certes moins que dans The Boat Trip ou Daddy Day Camp).

Deux acteurs secondaires viennent apporter la touche comique : l'incontournable Mike Epps (second couteau récurrent dans des dizaines de comédies dont Next Friday, Dr. Dolittle 2, All About the Benjamins, How High, Friday After Next, Guess Who, Roll Bounce, The Honeymooners, Welcome Home, Roscoe Jenkins, Talk to Me, Soul Men, Next Day Air, Very Bad Trip, The Janky Promoters, Lottery Ticket et 35 and Ticking) et le comique Steve Harvey (dont on peut avoir un aperçu du talent dans The Original Kings of Comedy), dont la présence à l'écran est trop limitée. Se croisent aussi LaTanya Richardson (Hangin' with the Homeboys, Juice, Malcolm X, All About Us, Mother and Child), Wendell Pierce (A Rage in Harlem, Waiting to Exhale, Get on the Bus, Bulworth, Brown Sugar, Ray, I Think I Love My Wife, Night Catches Us et il incarnera B.B. King dans un biopic qui devrait sortir cette année), la jeune Chloe Bailey (Last Holiday, Gospel Hill, Meet the Browns), Lou Myers, L. Warren Young, Faizon Love... Ainsi que deux dinosaures qui débutèrent dans la blaxploitation avec respectivement Cotton Comes to Harlem et Five on the Black Hand Side : la chanteuse Melba Moore et Sonny Jim Gaines.

samedi 17 juillet 2010

Soul Men

Avant un mois de vacances pour le blog, je finis cette saison par le dernier film du regretté Isaac Hayes...

SOUL MEN - Malcolm D. Lee (2008)

Les années 70 : un trio de chanteurs soul -The Real Deal- explose au box-office. Mais Marcus Hooks en devient vite le leader jusqu'à faire une carrière solo tandis que les deux autres memebres tombent dans l'anonymat.
20 ans plus tard, Floyd Henderson (Bernie Mac) apprend le décès de l'ancien leader du groupe.
Flairant le bon coup financier d'un retour sur le devant de la scène, il essaie de remonter le groupe.
Louis Hinds (Samuel L. Jackson), repris de justice, est devenu garagiste. Il accepte la réunification du groupe à contre-coeur.
Les deux compères traversent le pays de la côte ouest à New York, pour un concert au mythique théâtre Appollo. Le voyage est long et les vieilles rancœurs ressurgissent. On apprend vite la cause de leur animosité : il y a 20 ans, Floyd a couché avec Odetta, la femme de Louis. Outre l'ambiance explosive, Floyd et Louis doivent se remettre sérieusement au travail pour revenir au niveau.
Pensant retrouver Odetta, ils découvrent Cleo (qui pourrait être la fille de Floyd) et l'entraînent dans l'aventure comme nouvelle chanteuse de The Real Deal...
Ereinté par la critique et avec moins de 13 millions de dollars de recettes, le film est un flop. Plutôt lourdingue et graveleux, avec un scénario d'une banalité déconcertante, le film ne tient finalement que par son casting (encore faut-il aimer les facéties de Bernie Mac) et la présence de guests comme Isaac Hayes ou Millie Jackson.
Le film est surtout vendu comme le dernier de Bernie Mac et Isaac Hayes, qui meurent à un jour d'intervalle en août 2008, quelques mois avant la sortie. Il est remonté pour l'occasion, selon Malcolm D. Lee (mais l'on ne voit le "Black Moses" que quelques instants).
Par moment, un style très blax' avec des traveling sur des façades, motels et autres cinémas aux enseignes lumineuses, ou encore le design et la façon de filmer les voitures. La B.O.F. tient le rythme ; c'est le moins que l'on puisse attendre de Stanley Clarke, le compositeur afro-américain, habitué des productions blacks (Boyz N the Hood, Poetic Justice, Panther, Undercover Brother,...)

Film très décevant donc, surtout de la part de Malcolm D. Lee, qui nous avait habitué à bien mieux -même dans l'humour un peu gras- avec l'hilarant Undercover Brother et même Welcome Home, Roscoe Jenkins.

dimanche 11 juillet 2010

Truck Turner

Truck Turner & Cie (pour la version française) est le deuxième film du "Black Moses".

TRUCK TURNER - Jonathan Kaplan (1974)

Une ancienne gloire du football, Mac "Truck" Turner (Isaac Hayes) exerce à présent comme chasseur de prime, avec son ami Jerry (Alan Weeks). Coté perso, Truck attend la sortie de prison de sa copine, Annie (Annazette Chase).
Coté boulot, les deux compères doivent mettre la main sur mac réputé : Richard L. "Gator" Johnson (Paul E. Harris). Il leur échappe une première fois ; mais leur seconde rencontre tourne court et ils tuent Gator.
Dorinda (Nichelle Nichols) reprend d'une main de fer le "cheptel" du pimp décédé. Et en plus de ça, elle pose un contrat sur la tête de Truck Turner. Tous les malfrats de la ville se mettent à ses trousses, et en particulier le pimp Harvard Blue (Yaphet Kotto).A regarder ce Truck Turner, on regrette vraiment qu'Isaac Hayes n'ait pas eu plus de rôles durant la vague des films soul. Parce que ces personnages sont plus que convainquant. Truck est cool, il est plutôt naturel, pas vraiment frimeur et ne collectionne pas les conquêtes. En même temps, il n'hésite pas à distribuer des gifles et à faire parler son flingue. Bref, un héros tout ce qu'il y a de plus attachant.

Jonathan Kaplan (qui avait réalisé l'année précédente The Slams avec Jim Brown) connaît son affaire, il alterne les scènes légères et musclées, et insuffle un vrai rythme à son film. Il utilise judicieusement les grandes focales (ce qui donne des plans comme ci-contre), nous offre de belles courses-poursuites en voiture, des fusillades mémorables, et des réunions de pimps géniale (en particulier lors de l'enterrement de Gator, avec le défilé de souteneurs haut en couleur et les prostitués en deuil, mais en dentelles). Tout celà appuyé par la B.O. de Hayes.
Le scénar est signé par Oscar Williams (scénariste de Black Belt Jones, et réalisateur de The Final Comedown, Five On the Black Hand Side, Hot Potato et Death Drug) et Michael Allin (Enter the Dragon).

Autre ingrédient au rendez-vous : le foisonnement de têtes connues. D'abord j'ai envie d'évoquer deux acteurs que j'affectionne particulièrement Scatman Crothers et Esther Sutherland, des seconds rôles au physique inrattable
Bien sûr, il faut noter aussi les bonnes prestations de Yaphet Kotto (assez proche de son personnage de méchant dans Live and Let Die, l'année précédente) et Nichelle Nichols (Star Trek), les passages de Stan Shaw, Sam Laws, Jac Emil, Earl Jolly Brown, des cascadeurs Eddie Smith et Henry Kingi, et coté "withey" de Dick Miller, Charles Cyphers, Lisa Farringer (jolie blonde cantonnée à des rôles légers comme dans Cleopatra Jones, Coffy ou Foxy Brown),

vendredi 9 juillet 2010

Truck Turner

Truck Turner & Cie (pour la version française) est le deuxième film du "Black Moses".

TRUCK TURNER - Jonathan Kaplan (1974)

Une ancienne gloire du football, Mac "Truck" Turner (Isaac Hayes) exerce à présent comme chasseur de prime, avec son ami Jerry (Alan Weeks). Coté perso, Truck attend la sortie de prison de sa copine, Annie (Annazette Chase).
Coté boulot, les deux compères doivent mettre la main sur mac réputé : Richard L. "Gator" Johnson (Paul E. Harris). Il leur échappe une première fois ; mais leur seconde rencontre tourne court et ils tuent Gator.
Dorinda (Nichelle Nichols) reprend d'une main de fer le "cheptel" du pimp décédé. Et en plus de ça, elle pose un contrat sur la tête de Truck Turner. Tous les malfrats de la ville se mettent à ses trousses, et en particulier le pimp Harvard Blue (Yaphet Kotto).A regarder ce Truck Turner, on regrette vraiment qu'Isaac Hayes n'ait pas eu plus de rôles durant la vague des films soul. Parce que ces personnages sont plus que convainquant. Truck est cool, il est plutôt naturel, pas vraiment frimeur et ne collectionne pas les conquêtes. En même temps, il n'hésite pas à distribuer des gifles et à faire parler son flingue. Bref, un héros tout ce qu'il y a de plus attachant.

Jonathan Kaplan (qui avait réalisé l'année précédente The Slams avec Jim Brown) connaît son affaire, il alterne les scènes légères et musclées, et insuffle un vrai rythme à son film. Il utilise judicieusement les grandes focales (ce qui donne des plans comme ci-contre), nous offre de belles courses-poursuites en voiture, des fusillades mémorables, et des réunions de pimps géniale (en particulier lors de l'enterrement de Gator, avec le défilé de souteneurs haut en couleur et les prostitués en deuil, mais en dentelles). Tout celà appuyé par la B.O. de Hayes.
Le scénar est signé par Oscar Williams (scénariste de Black Belt Jones, et réalisateur de The Final Comedown, Five On the Black Hand Side, Hot Potato et Death Drug) et Michael Allin (Enter the Dragon).

Autre ingrédient au rendez-vous : le foisonnement de têtes connues. D'abord j'ai envie d'évoquer deux acteurs que j'affectionne particulièrement Scatman Crothers et Esther Sutherland, des seconds rôles au physique inrattable
Bien sûr, il faut noter aussi les bonnes prestations de Yaphet Kotto (assez proche de son personnage de méchant dans Live and Let Die, l'année précédente) et Nichelle Nichols (Star Trek), les passages de Stan Shaw, Sam Laws, Jac Emil, Earl Jolly Brown, des cascadeurs Eddie Smith et Henry Kingi, et coté "withey" de Dick Miller, Charles Cyphers, Lisa Farringer (jolie blonde cantonnée à des rôles légers comme dans Cleopatra Jones, Coffy ou Foxy Brown),

jeudi 8 juillet 2010

Three Tough Guys

Isaac Hayes débuta sur grand écran en tant qu'acteur dans ce film policier. Originellement Uomini duri, ou bien Les Durs pour les écrans français, cette production franco-américano-italienne est un des petits bijoux de la blax' où deux icônes de l'époque jouent avec notre Lino Ventura national. Le titre Three Tough Guys tout comme l'affiche sont trompeurs sur la marchandise, puisqu'en fait de trois durs, on a plutôt droit à un excellent duo entre Isaac Hayes et Lino Ventura.

THREE TOUGH GUYS - Duccio Tessari (1974)



Le Père Charlie (Lino Ventura) célèbre la cérémonie funèbre pour un de ses anciens paroissiens, assassiné dans la rue. Ce prêtre pas très catholique va se lancer dans un enquête pour démêler les raisons de son assassinat.
Lee Stevens (Isaac Hayes), un ancien inspecteur aux manières expéditives, enquête lui sur le meurtre de son ancien équipier. Les deux histoire se rejoignent et Lee tire le prêtre d'un mauvais pas.
Les deux compères vont mener de concert leur enquête qui les mène sur la piste d'un braquage de banque et du gangster Joe Snake (Fred Williamson) et de sa petite amie Fay (Paula Kelly)


Ventura est génial , dès la fin de son premier prêche il distribue des baffes. Il hache l'anglais à merveille, se déplace à vélo, stocke des armes sous son Jesus en figues et les transporte dans son sac de golf. Un prêtre comme on en rêve ! Scène succulente où une prostituée vient raccoller Lino et le traite de raciste lorsqu'il refuse ses faveurs !
Première apparition sur grand écran du "Black Moses". Isaac Hayes est très convaincant et enchaînera l'année suivante un des gros succès du soul cinema : Truck Turner. Bien sûr, il assure la composition de la B.O. : magique !
Dommage pour le final, un peu cheap, d'autant plus que je trouve toujours réjouissante l'idée d'une fusillade dans une salle de jeu.

Quant à Fred Williamson, il est égal à lui-même si ce n'est qu'il n'a qu'un rôle très secondaire, plus encore que sa petite amie à l'écran Paula Kelly dans une très bonne composition ! On croise Nathaniel Reed et Pemon Rami (qui participent tout deux à Cooley High et The Monkey Hustle, ainsi que dans Mahogany pour le second), ou encore Bob Minor qui se fait corriger promptement par Ventura. Mais la distribution est italienne ou italo-américaine, dont certains acteurs que l'on que l'on peut recroiser dans d'autres productions blax', tels que William Berger (Superfly TNT), Thurman Scott (Across the 110th Street), Walter Scott (Buck and the Preacher et Black Eye)
Dino De Laurentiis produit ce petit trésor, tout comme le controversé et trop peu connu Mandingo, sa mauvaise séquelle Drum, et de nombreux blockbusters jusqu'à aujourd'hui. Luciano Vincenzoni assure le scénario (on lui doit aussi Et pour quelques dollars de plus et Le bon, la brute et le truand).

samedi 3 juillet 2010

Hollywood Shuffle

Avec ce Ticket pour Hollywood, Robert Towsend -qui débute en tant qu'acteur dans Cooley High- signe là sa première réalisation : une comédie particulièrement réussie et pertinente, ce qui commençait à manquer cruellement dans ces années 80 marquées par un recul de la représentation des Afro-Américain, circonscris à des rôles comiques insipides. Towsend vient dynamiter les stéréotypes...

HOLLYWOOD SHUFFLE - Robert Towsend (1986)

Bobby Taylor (Robert Towsend) rêve de devenir un acteur hollywoodien et répète pour ses auditions avec son petit frère. En attendant, il travaille dans un fast food, le Winky Dinky Dog, et ces collègues (John Witherspoon & Keenen Ivory Wayans) font tout pour le dissuader de devenir acteur.
Bobby passe des castings, croise un grand nombre d'actrices et acteurs en herbe, comme lui, et prêts à jouer tous les rôles. Mais ce sont surtout des rôles très stéréotypés que lui demandent les casteurs blancs, (et spécialement des rôles de sosie d'Eddie Murphy), une diction urbaine nasillarde et des tyrades empreintes de misogynie voire de racisme...
Bobby s'interroge beaucoup. Critiqués par ses collègues et amis, par sa grand-mère (Helen Martin) qui a connu la pire période pour les Noirs dans le cinéma d'Hollywood, tiraillés par ses rêves de gloire, ou anxieux de voir son frère admirer les pimps et les gangsters qu'on lui demande de jouer : il doit faire un choix.
Alors que la fin 70s et le début des 80s se sont accompagnés d'un recul certain dans les personnages donnés aux Noirs et les sujets traités, la période est marquée par la disparition quasi-complète des réalisateurs afro-américains. Ce double recul est un cercle vicieux que vient briser Robert Towsend. Dans la lignée des grands noms du cinéma afro-américain, il écrit, réalise et produit. Pour le scénario il est appuyé par Keenen Ivory Wayans. La famille est bien représentée et fait ses premiers pas devant ou derrière la caméra puis, outre Kennen Ivory, on retrouve Damon et la soeurette Kim. Et près d'une vingtaine d'actrices et d'acteurs de second plan se retrouvent aussi dans I'm Gonna Git You Sucka ou Dont Be A Menace...

Tout est pertinent et bien trouvé dans ce film prétention : les cours de "jive talking", les sosies d'Eddie Murphy, les changements de voix selon que les Noirs s'adressent à leurs à un collègue acteur, noir lui aussi, ou au casteurs blancs. Towsend s'essaie aussi -et avec succès- à des parodies de blockbusters ou de bisseries soul : Rambo, Mandingo, Indiana Jones, Amadeus, Dirty Harry, JD's Revenge... sont ainsi détournés avec un talent comique, un regard acéré et, en même temps, une sympathie non dissimulée.
Et le tout reste très léger, ni professoral, ni lourdement militant.

Il y a pléthore de gueules connues, et Towsend se délecte de multiplier les seconds rôles de toutes les grandes époques du cinéma : la blaxploitation bien sûr avec Helen Martin, David McKnight (le J.D. Walker de JD's Revenge), Franklyn Ajaye (Car Wash), Jesse Kitten (Mahogany), Steve James (The Education Of Sonny Carson, The Warriors ou encore Kung-Fu Joe dans I'm Gonna Git You Sucka), Le Tari (Brotherhood Of Death)... Mais aussi le vétéran des "all black cast", Nick Stewart qui joua dans Cabin In the Sky, Stormy Weather et Carmen Jones. La nouvelle génération est aussi représenté avec la famille Wayans, j'en ai parlé, mais aussi John Witherspoon, Jimmy Woodard, Paul Mooney, Nancy Cheryll Davis, Starletta DuPois...