mardi 21 septembre 2010

Cabin In the Sky

Adaptation cinématographique d'une comédie musicale de Brodaway, Un petit coin aux cieux est un grand "all-colored-cast" produit par la MGM.

CABIN IN THE SKY - Vincente Minnelli (1943)



Little Joe (Eddie "Rochester" Anderson) est un petit homme plein de vices, du jeu à la paresse en passant par la luxure, tandis que sa femme Petunia Jackson (Ethel Waters) est une femme pieuse.
Alors qu'elle se rend à l'église, Little Joe se retrouve face à ses créantiers qui l'oblige à payer ses dettes. A la sortie de l'office, Petunia le retrouve entre la vie et la mort, atteint d'une balle.
Lucifer (Rex Ingram) s'apprête à l'acceuillir en Enfer, mais les prières de Petunia sont entendues et Le Général -chef des anges- accepte de lui rendre la vie à condition qu'il ait une conduite exemplaire.
Les premiers temps le couple Jackson vit la belle vie... Mais Lucifer et ses accolytes (Mantant Moreland, Louis Armstrong, Oscar Polk et Willie Best) posent des embûches sur le chemin du pauvre Joseph : gain au jeu, vie facile et surtout la plantureuse Georgia Brown (Lena Horne)

Plutôt réactionnaire sur le fond avec la manichéenne opposition du bien et du mal, on ne peut que préférer le "mal" qui nous permet de savourer les scènes de danses endiablés, la trompette de Louis Armstrong et le sex-appeal de Lena Horne.
On revoit bien sûr les grandes figures stéréotypiques des Noirs dans ces années-là, le coon, la mammy et l'oncle Tom (personnages comiques, desexués et inoffensifs) et l'opposition avec la "mulâtresse tragique", synonyme de dépravation.

C'est tout le dilemme de ces productions des années 20 à 50, où sont employés des actrices et acteurs afro-américains, pour la satisfaction d'un public essentiellement blanc. Le dilemme donc, c'est que tout en fleurant le racisme "bon enfant" et en utilisant des stéréotypes éculés, elles peuvent se révéler excellentes à bien des égards.
Ici, on n'a pas à faire au premier venu, et donc la réalisation de Vincente Minnelli est sublime, truffée d'effets visuels. Il filme à la perfection les scènes de music-hall. Et même s'il utilise les caricatures sus-citées, il arrive à donner un supplément d'âme à ses personnages.
De plus, confier à des Noirs le soin de jouer des anges -comme dans The Green Pastures- représente presque une provocation dans cette époque puritaine et ségrégationniste.
Enfin, et ce n'est pas rien, les interprètes sont pour beaucoup dans le succès et la qualité de ces films. Dans ce cas-là avec des grands noms de la danse ou du jazz tels que Louis Armstrong, Duke Ellington et le Hall Johnson Choir. Les acteurs -familiarisés eux aussi avec la musique et la danse- portent ce film à l'image d'Ethel Waters, Eddie "Rochester" Anderson, Rex ingram et Lena Horne. Dans une époque où l'on cantonnait les Afro-Américains à des rôles limités, il faut souligner justement le talent de chacun d'eux consistant à se conformer à ces caricatures tout en essayant d'y insuffler profondeur et dignité. Et c'est le cas des héros de ce film.

Eddie Anderson (le majordome dévoué Uncle Peter), Oscar Polk (le caricatural Pork) et Butterfly McQueen (Prissy, la gamine à la voix criarde si reconnaissable) et Lennie Bluett (le violeur yankee) avaient tourné ensemble dans Autant en emporte le vent. On croise aussi Mantan Moreland, Nick Stewart (Stormy Weather et même Hollywood Shuffle), Henry Phace Roberts (qui joue seulement dans ce film et Stromy Weather puis 40 ans plus tard dans Cotton Club) et Willie Best.
Un film à conseiller aux amoureux de jazz et de vieilleries cinématographiques...

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