mercredi 6 juillet 2011

Black Like Me

Bien qu'il ne soit pas le film du siècle (ni même de l'année 64), Black Like Me concourt à la lente imposition du racisme et des Afro-Américains comme thème central possible dans le cinéma.

BLACK LIKE ME - Carl Lerner (1964)
John Finley Horton (James Whitmore) est un journaliste blanc ; il se grimme en noir et traverse une partie des Etats-Unis, de New Orleans à Atlanta. Dans son voyage dans le Sud profond, il tire une série d'articles. Les Noirs qu'il rencontre sont amicaux, ouverts... ce qui constitue déjà une expérience inédite pour lui. Mais les Blancs se montrent eux suffisants, violents, pervers...
Un mot sur le livre éponyme de John Howard Griffin, publié en français sous le titre Dans la peau d'un Noir. S'il ne lui valut pas un grand succès chez les Afro-Américains, Griffin fut par contre soutenu par les Blancs libéraux d'un coté et, d'un autre, sa famille et lui reçurent des menaces incessantes et quittèrent le Texas pour plus de sureté.
Le propos de cette adaptation sur grand écran reste plutôt progressiste, utilisant l'allégorie de la ligne centrale de la route pour symboliser la "ligne de couleur" (terme utilisé par W.E.B. DuBois, un des premiers intellectuels Afro-Américains). Plusieurs scènes sonnent justes, en particulier les réactions des Blancs devant Horton : la scène de la plage (ci-dessous), les différents chauffeurs qui le prennent en stop et s'intéressent avec un regard pervers à ses pratiques sexuelles...

Mais, de mon point de vue, le principal problème du film réside dans l'acteur principal. D'une part, on ne peut croire une seconde que cet homme est afro-américain, ce qui entame déjà la crédibilté du film. Par ailleurs, cette évidente différence renvoie invariablement au grimage du héros, qui rappelle donc les blackfaces des minstrel show du demi-siècle précédent. Non pas que le film soit raciste, ni le personnage caricatural, mais il utilise à son corps défendant un des artifices du vieux racisme de la société du spectacle.
En le comparant au plus léger Watermelon Man -de Melvin van Peebles- on se dit que le réalisateur Carl Lerner aurait mieux fait de prendre un acteur noir comme personnage principal, qu'il aurait blanchi pour les rares scènes où le journaliste apparaît sous son vrai visage.Lien
Le héros est incarné par James Whitmore. Du coté des acteurs noirs citons Roscoe Lee Browne (malheureusement relégué à des rôles secondaires, cet acteur au faciès inoubliable joue entre autres dans Up Tight !, The Liberation of L.B. Jones, Super Fly T.N.T., Uptown Saturday Night, Jumpin' Jack Flash). Nombre d'autres ont une carrière très limitée, comme Al Freeman Jr. (il joue dans Roots : the Next Generation le rôle de Malcolm X, et dans le film biographique de Spike Lee celui d'Elijah Muhammad), P. Jay Sidney (The Joe Louis Story, Brother John, Trading Places), Billie Allen (The Wiz), Eva Jessye (Hallelujah ! et Slaves). Certains font leur premier d'une carrière plus fournie tels le grand Raymond St. Jacques, D'Urville Martin ou Richard Ward (The Cool World, Nothing But a Man, The Learning Tree, Brother John, Across 110th Street, Mandingo). Enfin, un acteur blanc réapparaît dans plusieurs films traitant des Afro-Américians : David Huddleston, qui joue dans Slaves, The Klansman et The Greatest.

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