mercredi 21 septembre 2011

Across 110th Street

Produit par United Artists, Meurtres dans la 110ème rue est incontestablement un des meilleurs films classé comme "blaxploitation", il diffère cependant de la plupart des autres production du genre par une réalisation conséquente et un casting génial.

ACROSS 110th STREET - Barry Shear (1972)



Déguisés en flics, trois petites frappes -Jim Harris, Joe Logart et Henry Jackson (Paul Benjamin, Ed Bernard & Antonio Fargas)- organisent un braquage qu'ils espèrent parfait ; mais il tourne mal et se finit dans un bain de sang. Le trio s'enfuit avec 300000 $, laissant sur le carreau 7 cadavres.
Or, ces trois bras cassés se sont attaqués à un trop gros poisson : la mafia de New-York. Nick Di Salvio (Tony Franciosa) est sur leurs traces et leur sort paraît scellé...
D'un autre coté, le lieutenant Pope (Yaphet Kotto), un jeune gradé afro-américain, se retrouve en charge de l'enquête. Il va devoir composer avec son collègue italo-américain, le capitaine Frank Mattelli (Anthony Quinn), un vieux briscard aux méthodes et aux idées importées de l'Alabama...
Barry Shear est jusqu'alors un prolixe réalisateur de série TV, Across the 110th est un des rares longs métrages auquel il s'attèle. Pourtant, il réussit là un des meilleurs films estampillé "blaxploitation", un polar réaliste filmé avec une certaine crudité, accompagné d'une BOF mythique ; il réunit en outre réunit un casting incroyable. La même année, Fouad Said produit un autre polar moins connu mais tout aussi réussi : Hickey & Boggs avec Bill Cosby et Robert Culp.
La réalisation offre un style haletant, de jolies plongées et des déambulations dans Harlem (où le bon déroulement du tournage fut monnayer avec un mac de New-York crédité au générique : K.C. qui offre les mêmes services pour Superfly et That's the Way of the World).

La chanson éponyme qui sert de générique est interprété par Bobby Womack, l'interprétation de la partition est confiée à J.J. Johnson & His Orchestra. Ce titre a dépassé largement l'audience du film (fort respectable toutefois), devenant un véritable tube. Il faut préciser que la musique présentée sur disques -et réutilisé dans Jackie Brown et American Gangster- est sensiblement différente de la musique originale, inédite à ce jour : dans le film les instrumentaux sont bien plus pêchus et moins sirupeux, les percussions plus présentes et des chœurs lancent le refrain. Plus généralement, la plupart des instrumentaux sont retravaillés, et certains ne sont carrément pas édités.

On ressent la tension raciale aussi bien chez les malfrats que dans les rangs de la police. Ainsi le film arrive à retranscrire l'émergence des revendications égalitaires de la communauté noire, à travers le combat de Pope pour obtenir le respect de ses collègues, de la mafia afro pour s'émanciper de ses mentors historiques ou des individus "lambda" -incarnés par le trio de braqueurs- qui ont les rêves et aspirations de tout un chacun...

Yaphet Kotto et Anthony Quinn forment le duo antinomique parfait. Kotto dans un style sobre incarne l'incorruptible tandis que Quinn excelle dans la composition du vieux flic raciste et légèrement ripou. Cependant, c'est Paul Benjamin qui se révèle comme le véritable héros du film, un héros anonyme, un Noir "qui ne compte pas". Antonio Fargas joue un des autres braqueurs qui aime les beaux costumes et les filles, préfigurant les rôles qu'il enchaîne dès lors et qui se concrétisent avec celui d'Huggy-les-bons-tuyaux dans Starsky et Hutch. Citons aussi en vrac Gloria Hendry (actrice sous-employée qui joue dans les plus grands titres blax : Black Caesar, Live and Let Die, Slaughter's Big Rip-Off, Hell Up in Harlem, Black Belt Jones et Savage Sisters), Ed Bernard (Shaft, Together Brothers, la série The Whithe Shadow), Paul Harris (The Mack, Let's Do it Again, The Slams et Truck Turner où il tient son rôle le plus important), Charles McGregor (Superfly, Blazing Saddles, Three the Hard Way, Take a Hard Ride, Aaron Loves Angela et The Baron), Adam Wade (Shaft, Come Back, Charleston Blue, Claudine), Arnold Williams (Cotton Comes to Harlem, Live and Let Die, Scream Blacula Scream), Richard Ward (The Cool World, Black Like Me, Nothing But a Man, The Learning Tree, Brother John, Mandingo) et Gilbert Lewis (Cotton Comes to Harlem, Gordon's War, Body and Soul).
D'autres franchissent la décennie 70 et réapparaissent plus tard tels Gerry Black (habitué des séries, il joue dans des films plus récents comme Blankman et First Sunday), Clebert Ford (Trick Baby, Greased Lightning puis New Jack City, A Rage in Harlem, Malcolm X, Ghost Dog), Norma Donaldson (Willie Dynamite puis House Party, The Five Heartbeats et Poetic Justice).

Aucun commentaire: