dimanche 22 janvier 2012

She Hate Me

Spike Lee sort lui aussi une comédie romantique (mais dans un tout autre stytle que Breakin' All The Rules). Il multiplie les pistes, mélange les genres et, comme à son habitude, questionne notre société...

SHE HATE ME - Spike Lee (2004)


Après le suicide du professeur Shiller, John Henry "Jack" Armstrong (Anthony Mackie) est accusé par son supérieur de délit d'initié et viré.
Le salut financier lui vient de son ex-fiancée ; Fatima et sa nouvelle compagne Alex (Kerry Washington & Dania Ramirez) lui proposent 10000$ chacune pour les mettre enceinte. Fatima va même lui trouver 18 lesbiennes pour être le géniteur de leurs enfants, et pour la même somme. Il accepte mais se pose rapidement des questions éthiques.
En parallèle, la police enquête sur le délit d'initié et tente de confondre John Henry. Tout se gâte encore plus lorsque Simona Bonasera (Monica Bellucci), la fille d'un parrain de New-York (John Turturro) postule pour l'insémination in vivo...
J'avais longtemps laissé ce DVD sur une étagère, imaginant un sombre nanard ; la présence de Monica Bellucci que j’exècre n'y étant pas pour rien. En plus, ce film a été écrasé sous une avalanche de critiques ultra-négatives (et les recettes au box-office s'apparentent à un véritable échec). En fait, j'ose à peine l'écrire, mais j'ai trouvé ce film excellent. Empli d'humour, regorgeant de saynètes incroyables, de rencontres improbables et de dialogues succulents, servi par une mise en scène plus ou moins étrange mais presque toujours sublime, et par la musique de Terence Blanchard.
Bien sûr, il y a une forte part de goût dans ce jugement ; et il faut bien avouer que le scénario est parfois brouillon, part dans tous les sens, ouvre des pistes qu'il ne referme pas et multiplie les personnages sans leur offrir de réelle consistance. Ces points reflètent bien la réalité de ce film et peuvent se muer en critiques, mais elles en renforcent pour moi la qualité.

Encore peu connu à ce moment-là (il n'avait joué que des petits rôles dans 8 Mile ou The Manchurian Candidate), Anthony Mackie se voit offrir son premier rôle et s'en tire plutôt bien (par la suite, il jouera dans Million Dollar Baby, The Man, 2Pac dans Notorious, Desert Flower, Night Catches Us, Louis, Real Steel...). Pêle-mêle, citons Kerry Washington (Little Man, Ray, I Think I Love My Wife, The Last King of Scotland, Miracle at Santa Anna), Lonette McKee, Dania Ramirez, Chiwetel Ejiofor, Paula Jai Parker, Kim Director, Q-Tip, Lemon... Plus étonnante est la présence de Jamel Debbouze, d'autant plus qu'il joue le personnage bafouillant et rigolo qu'on lui connaît de ce coté de l'Atlantique.
Comme pour marquer son amour du cinéma, Lee n'hésite pas à embaucher l'acteur allemand David Bennent, qui joua dans le grand classique Le tambour.
Bien sûr, Spike Lee s'adjoint les services de ces acteurs ou techniciens fétiches : Jim Brown, Joie Lee sa sœur, Rick Aiello et surtout John Turturro, tout simplement génialissime en mafieu de la vieille école (dont la présence et les scènes nécessitent à elles seules de voir ce film !). Isiah Whitlock Jr. reprend son rôle de l'agent Amos Flood qu'il avait déjà incarné dans The 25th Hour (c'est peut-être l'œuvre de Michael Genet, scénariste de ces deux films, ainsi que du très bon Talk To Me).
C'est le dernier film de Lee dans lequel jouera Ossie Davis, réalisateur précurseur, acteur de talent et homme au grand cœur qui décède l'année suivante.

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