dimanche 20 juin 2010

New Jack City

En 1971, Melvin Van Peebles avait lancé -à son corps défendant- la vague de la Blaxploitation avec son mythique Sweet Sweetback's Baadasssss Song. Vingt ans plus tard, et parallèlement à Spike Lee et son explosif Do the Rigth Thing, au Boyz N the Hood de John Singleton et à Juice de Ernest R. Dickerson, Mario Van Peebles (qui avait fait ses premiers pas dans le chef d'oeuvre avant-gardiste de son père) contribue lui aussi à asseoir une mode cinématographique : les "urban films", les films sur le ghetto et les problèmes sociaux des Afro-Américains.

NEW JACK CITY - Mario VanPeebles (1991)



Nino Brown (Wesley Snipes) et son gang des CMN -pour Cash Money Brothers- est la valeur montante du deal de cocaïne à New-York.
Scotty Appleton (Ice T) et son collègue Nick traquent la drogue dans la Grosse Pomme. Ils se servent de Pookie (Chris Rock), un petit junkie et dealer sans envergure pour infiltrer les CMN.
L'infiltration tourne court avec la mort de Pookie.
Appleton décide alors de rejoindre à son tour la bande de Nino ; il va s'y faire accepter et devenir un des plus proches de Nino Brown, déclenchant les jalousies. Mais ce dernier sombre peu à peu dans la paranoïa et la mégalomanie...

Le soundtrack fait partie des meilleurs du genre avec de grand nom du rap US. Bien entendu, certains -qui deviendront des grands voire des légendes du mouvement hip-hop- font leur apparition à l'écran tel Ice T bien sûr mais Fab 5 Freddy, ou Flavor Fav de Public Ennemy. L'ambiance "street credibiliy" traversera l'Atlantique puisque dans la VF le doublage d'Ice T est assuré par un certain Joey Starr.

Celà peut paraître insignifiant, mais Van Peebles renoue avec les scènes d'amour entre Afro-Américain. Depuis une décennie, on pouvait noter une régression de ce point de vue. Là où les héros de la blaxploitation, femmes ou hommes, assumaient leur sexualité et que les scènes sensuelles -y compris "inter-raciales"- étaient une avancée permise par le genre (malgrès les dérives voyeuristes) ; les années 80 marquent un véritable reflux, où les Noirs sont cantonnés à des rôles comiques et désexués tels les icones Eddy Murphy et Whoopie Goldberg, ou à l'inverse à des prédateurs sexuels (Danny Glover dans La Couleur Pourpre et Mister T dans Rocky III étant les meilleurs exemples) ; tandis que les corps enlacés ne sont plus montrés et par là, la sexualité noire niée. Or, on sait combien les préjugés sexuels ont été entretenus pour favoriser le racisme et la ségrégation. Cette réhabilitation -entamée en 86 par She's Gotta Have It de Spike Lee- est donc un des aspects positifs du film.

Mario VanPeebles réussit aussi l'exploit de ne pas présenter des personnages manichéens, et en particulier de créer -grâce aux talents de Wesley Snipes- un Nino Brown à la fois détestable et victime d'une société inégalitaire et raciste.

Là où son père et son Sweetback... avait été le succès indépendant de 1971, la première réalisation de Mario VanPeebles rapporte plus de 45.000.000 $ pour un budget de 8 millions et se révèle le plus gros succès indépendant de 1992.

Van Peebles redonne un rôle Tracy Camilla Johns (la Nola Darling de She's Gotta Have It), utilise aussi l'inusable second rôle Thalmus Rasulala (Blacula, Willie Dynamite, Friday Foster...), Bill Cobbs (Greased Lightning, A Hero Ain't Nothin'... et The Hitter) et Clebert Ford. Enfin, il donne sa chance au jeune Chris Rock (qui jouera une parodie de gangsta dans CB4 quelques années plus tard).
Il s'appuie sur une grosse équipe technique dont, entre autres, les cascadeurs Jeff Ward et David S. Lomax et le costumier Bernard Johnson (Don't Play Us Cheap, Claudine, Willie Dynamite et The Bingo Long Traveling All-Stars & Motor King).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'original soundtrack de ce film a apporté un grand coup de pompe musical à cette époque. Pionner du ghetto movie, le NJC...