mercredi 3 octobre 2012

Namibia : The Struggle for Liberation

Dernier film en date pour le père du nouveau cinéma réaliste afro-américain Charles Burnett...

NAMIBIA : THE STRUGGLE
FOR LIBERATION - Charles Burnett (2007)

Samuel Nujoma (Joel Haikali) est un jeune Namibien qui tente de travailler et de vivre sa vie dans un pays sous le joug de l'Afrique du Sud et de son régime politique : l'apartheid. Témoin de l'impunité des patrons afrikaaners et de la violence de l'armée, Samuel entre tôt en résistance. Il se lie d'amitié avec le père Elias (Danny Glover), un prêtre sympathisant de la cause indépendantiste.
Une décennie plus tard, Sam Nujoma (Carl Lumbly) décide de résister activement contre la colonisation sud-africaine et crée le SWAPO (South West Africa People's Organization). Soutenu par le bloc soviétique et aidé militairement par Cuba, Nujoma se lance dans un double combat, la lutte armée contre l'oppresseur et la reconnaissance de la Namibie à l'ONU...
Ce film n'est pas un chef d'oeuvre, mais il ne faut pas bouder son plaisir devant cette fresque historique sur une guerre de libération nationale peu connu en France.
Charles Burnett s'éloigne définitivement de sa patte néo-réaliste (Killer of Sheep et My Brother's Wedding), il s'intéresse cette fois à Sam Nujoma, premier Président de la République de Namibie, et à son combat pour l'indépendance de son pays. Si le réalisateur est un Afro-Américain, la production est africaine, en particulier l'Etat namibien qui en finance la plus grosse part. Burnett et ses producteurs ne se sont manifestement pas entendus et le film qui dure initialement deux heures et demi, a été tronqué de 40 minutes (parfois assez maladroitement) dans la version DVD, par ailleurs pauvre en bonus.

Burnett concocte des plans sublimes des déserts namibiens ainsi que de plans méticuleux pour planter les ambiances mais l'amateurisme du casting pose ici quelques problèmes qu'il avait su pallier dans ses deux premiers films. La musique est confiée à Stephen James Taylor, collaboration déjà éprouvée sur To Sleep with Anger et The Glass Shield (il signe aussi la BOF de Phantom Punch de Robert Towsen).
Durant presque deux heures, Burnett arrive à mixer l'intensité dramatique et la précision politique (on croise même parmi quelques personnages historiques Frantz Fanon lorsqu'il était diplomate pour le jeune Etat algérien). Il en ressort un film très intéressant, qui emporte peu à peu le spectateur de l'empathie pour le personnage principal vers une solidarité envers son combat. Des déserts de Namibie aux bans de l'ONU, des salles de tortures des Sud-Africains aux QG de la guérilla, Burnett arrive à exposer avec précision les termes du conflit.

Contrairement aux croyances véhiculées à l'école, l'Allemagne a bien eu des colonies, en l’occurrence la Namibie ; et suite à la défaite de 1918 l'Afrique du Sud devient la puissance coloniale, sur décision de l'ancêtre de l'ONU, la SDN. Comme dans de nombreux pays d'Afrique, la lutte pour l'indépendance de la Namibie se transforme dans les années 70 en une guerre de guérilla. Et comme dans l'Angola voisine, Cuba enverra des troupes, des armes et des formateurs militaires pour aider les résistants. Argument du "péril rouge" derrière lequel se cache les Etats-Unis pour soutenir presque jusqu'au bout la colonisation et le régime d'apartheid imposée par les Afrikaaners, comme ils ont participé à la chute de Patrice Lumumba au Congo et cachée son assassinat. En Namibie cependant, l'issue est plus positive puisque le pays accède à l'indépendance le 21 mars 1990 ; et Sam Nujoma en devient assez logiquement le premier Président.
 
Du coté de l'équipe technique, on retrouve peu de grands noms : seulement le directeur de la photographie John L. Demps Jr. qui débute dans Menace II Society (puis travaille sur The Walking Dead, Fear of a Black Hat, The Visit ou encore Phat Girlz) et Leo Phiri comme assistant de réalisation (poste qu'il occupe justement sur Lumumba, de Raoul Peck).
Idem pour les actrices et acteurs qui sont pour la plupart amateur (on reconnaît là l'habitude de Burnett), sauf la tête d'affiche Carl Lumbly (To Sleep with Anger, South Central, How Stella Got Her Groove Back, Men of Honor) et Danny Glover qui promeut le film par sa seule présence.

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