dimanche 11 novembre 2012

Baby Needs a New Pair of Shoes

Parfois nommé Jive Turkey, ce film de Bill Brame est un pur produit bis décousu et déjanté...

BABY NEEDS A NEW PAIR OF SHOES 
- Bill Brame (1974)

Hakeem Jabbar (Paul E. Harris) est un parrain afro-américain influent ; surnommé Pasha, il vit du racket et de la loterie. Mais Big Tony (Frank DeKova), le patron de la mafia blanche qui souhaite en avoir le monopole, "propose" de lui échanger contre la drogue et la prostitution. Pasha refuse. Et la guerre couve.
Alors que Serene (Don Edmondson) exécute les basses oeuvres de Pasha, le maire en pleine campagne de réélection se fait mousser en mettant la pression sur le crime organisé...

Réalisé par Bill Brame (auteur de l'obscur Miss Melody Jones), ce film longtemps oublié bénéficie d'une copie pas trop désagréable à regarder ; il possède un charme incontestable qui en fait une de ses petites productions ultra-bis, fruit de l'envie de quelques amis manifestement fauchés mais plein d'idées, que seule la vague des films soul a permis d'enfanter.
On est sensé être en 1956, mais les costumes comme les voitures -hormis quelques-unes- ou les décors sonnent invariablement 70s ; mais on passe vite outre si l'on se laisse prendre par l'intrigue et les différents segments qui la compose (entre le film de mafia, le polar politique et le biopic d'un serial killer).

Paul E. Harris porte le film sur ses épaules et c'est un vrai régal de le voir tenir un premier rôle, lui qui joue les soutiens dans les plus gros titres du genre (Across 110th Street, The Mack, The Slams, Truck Turner et Let's Do It Again). C'est pourtant l'acteur Frank DeKova -connu pour son rôle de chef indien dans une série TV et prisé des amateurs de drive-in- qui est en tête d'affiche.

On s'embrouille parfois, mais il y a un quelque chose qui tient et l'on excuse les errements du scénario par le petit budget. Et puis, il y a comme une ambiance à la Chester Himes avec ses loteries clandestines, ses personnages ordinaires et sa pègre, mais le tout mâtiné de Dolemite. Il y a en effet quelques scènes gores de meurtres sanginolents par la sadique Serene (joué par un inconnu au bataillon : Don Edmondson, crédité comme Tawny Tann, nom que l'on retrouve dans le générique de Honky).

Quant au reste du casting, se succèdent nombre de seconds couteaux de l'époque : Frances E. Williams (The Black Klansman, Together Brothers, A Piece of the Action), Ernie Lee Banks (que l'on retrouve plus tard dans Bulworth et Life) et Henry G. Sanders (le noir de service dans Docteur Quinn, femme médecin) qui jouent la même année dans The Black Godfather (puis pour le second dans Killer of Sheep), Cal Wilson (Halls of Anger, The Great White Hope, The Final Comedown, Five on the Black Hand Side, Disco 9000), Tobar Mayo (Tough, Abar, the First Black Superman, Killer of Sheep), Cardella Di Milo (BlackensteinDolemite et The Human Tornado) et Jay Brooks qui a joué dans les films précurseurs du soul cinema : The Cool World et Nothing But a Man).

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