vendredi 15 juillet 2011

The Learning Tree

On connaît Gordon Parks pour son désormais mythique Shaft. Il signe son second film pour un grand studio hollywoodien (dont le titre français, Les sentiers de la violence, est totalement raté) deux ans avant, et on est loin des rues de New-York et du détective funky...

THE LEARNING TREE - Gordon Parks (1969)


Newt et Marcus (Kyle Johnson & Alex Clarke) sont deux jeunes garçons qui vivent dans un village rural du Kansas, dans les années 20. Ils font ensemble l'expérience de la ségrégation raciale et des injustices. Ils découvrent aussi l'amour, la haine, la morale et la conscience... Et les deux garçons prennent des chemins différents. Newt se retrouve confronter à un cas de conscience majeur : un homme est accusé à tord d'un meurtre, mais Newt connaît le vrai coupable...
Gordon Parks porte la triple casquette de réalisateur, compositeur et scénariste. Pour le cinéma , il adapte le roman en partie autobiographique qu'il avait publié en 1964. C'est un petit bijoux cinématographique trop méconnu, sorti deux ans avant le funky et mythique Shaft, Gordon Parks livre ce drame puissant, tendre et poignant (compréhensible, puisqu'il s'agit d'un récit inspiré de sa jeunesse).
Parks décrit le Kansas des années 20 où l'on fouette les voleurs de pommes (surtout si le voleur est un enfant noir et que celui qui tient le fouet est blanc) ; dans cette contrée remplie de rednecks finis au pipi, l'église, la famille et le juke-joint semblent les seuls asiles pour un Afro-Américain. Martin Ritt -avec Sounder- lui emboîte le pas, mais la blaxploitation laisse de coté ce genre (pour lequel il faut un talent certain pour éviter l'ennui, c'est sûr). Il se prend à filmer la nature (des champs de fleurs colorées, la rivière qui dégèle, les couchers ou les levers de soleil magnifiques...).

Sur le fond, Gordon Parks ne dénonce pas de front le racisme de son pays ; la morale tend plus à montrer qu'il y a des "bons" et des "méchants" dans chaque communauté. Malgré cette approche, le constat de la ségrégation n'en est finalement que plus fort (surtout rapporté à ce qui se fait à l'époque dans les films d'Hollywood, c'est à dire rien !). Si l'on met de coté l'intrigue principale (qui rapproche le film d'un drame classique), ce sont les multiples scènes de la vie quotidienne qui portent toute la violence sourde que subit un jeune Noir dans les années 20 et 30 : les humiliations ordinaires liées à la "séparation" dans les lieux publics, dans l'enseignement, les les brimades et les "niggers" incessants...

Kyle Johnson et Alex Clarke ne rejoueront que très rarement (Brother on the Run pour l'un, et Halls of Anger pour l'autre). Certains acteurs débutent une carrière : Thomas Anderson (The Legend of Nigger Charley, Shaft's Big Score, Trick Baby, Don't Play Us Cheap), Phillip Roye (The Black Godfather et Mean Johnny Barrows), Mira Waters (The Greatest) et Estelle Evans (que l'on peut apercevoir dans quelques séries de l'époque ainsi que la dernière comédie de la trilogie de Sidney Poitier : A Piece of the Action).... D'autres ont fait leurs débuts dans des films plus anciens, tels Joel Fluellen (Cabin in the Sky, A Raisin in the Sun, The Great White Hope, Thomasine & Bushrod et The Bingo Long Traveling...) et Richard Ward (The Cool World, Black Like Me, Nothing But a Man, Brother John, Across 110th Street, Mandingo).

Aucun commentaire: